Ils conduisent Dieu au cimetière
parce que c’est au cimetière qu’il ne se passe rien.
Quand Dieu sera enterré,
ils n’auront plus qu’à fermer la porte par derrière
et l’histoire sera enterrée toute entière à son tour.
On n’en parlera plus. Il n’en sera plus jamais question.
Ils en ont assez de ce Dieu
qui n’est jamais qu’un passant de passage.
Ce Dieu des routes et des chemins,
ce Dieu tournant aux vents de l’inattendu,
toujours avec ces gens qui sont chassées de chez eux
et qui suivent le malheur partout...
Ils en ont assez d’avoir à toujours lever les bras en l’air,
comme si il fallait se rendre à l’ennemi et rendre leur liberté ».
Ils enterrent Dieu...
Ils ont enterré Dieu comme un trésor, comme un secret,
comme un chagrin au fond du coeur. Ils en font des reliques.
Mais ils ne se sont même pas aperçus que pendant qu’ils tournaient le dos,
le semeur est déjà sorti pour semer.
Ce semeur dont la seule mémoire c’est l’avenir. Ce semeur qui sème des mots,
des mots qu’on assassine au coin des rues.
des mots qui portent le deuil,
des mots qui ne cherchent plus à avoir le dernier mot
des mots qui murmurent, qui balbutient, des mots qui naissent,
des mots fragiles qui se risquent à défroisser leurs ailes,
des mots de commencement...
Dieu a été porté en terre. Il a été ensemencé au ventre de la terre.
C’est donc l’heure de mourir pour naître cette nuit de la mort à la vie,
Le linceul blanc devient lui-même vêtement de noce.
La mort est déjà dans les douleurs de l’enfantement.
C’est bientôt, très bientôt,
si bientôt que la mort va accoucher de l’Amour.
Bientôt, l’homme va naître pour le premier jour....
Chant :
Ecoute ,écoute
Surtout ,ne fais pas de bruit, On marche sur la route
On marche dans la nuit.
Ecoute, écoute
Les pas du seigneur vers toi
Il marche sur ta route, Il marche près de toi...
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