« Que le Seigneur soit mon arbitre entre toi et moi, qu’il défende ma cause » Mc 3, 13-19
Bien souvent, j’entends un écho de cette parole lorsqu’un conflit éclate entre deux personnes. Que Dieu qui voit ce désaccord me rende justice. Aujourd’hui, le conflit qui existe entre Saul et David m’intéresse. Les soldats de David, hommes de guerre sont persuadés que l’occasion est idéale pour mettre à mort Saül et donc mettre fin à leur fuite. Et David me surprend en ne saisissant pas cette perche de mettre fin au conflit par la mort de l’adversaire. David m’invite à entrer dans un chemin face à l’autre où ce n’est pas moi qui rend justice.
En contemplant David, je me dis que cela demande beaucoup d’humilité (il est en position de force, mais s’incline et s’abaisse jusqu’à terre) ; cela demande de croire que Dieu est présent dans la relation qui se vit (David ne cesse de dire que Dieu est présent…). Cela demande l’acceptation d’être malmené jusqu’à n’être considéré que comme « une simple puce » ou « un chien crevé » comme dit David au verset 15. Tout cela me semble personnellement bien inaccessible avec toutes mes fragilités et mon grand désir de justice.
Et pourtant, David m’invite à refuser de mettre la main sur mon frère. Cela n’exclut pas pour autant toute justice. Et en ce sens, David s’ingénue à montrer à Saul qu’il n’est pas une menace. Très souvent dans un conflit, je perçois l’autre comme une menace pour mon existence. Il m’exaspère, me bouscule et je mettrais bien la main sur lui ! Je suis étonnée dans ce passage par le retournement que David opère. Il est certain que Dieu lui a livré Saül. Mais il dénude cette livraison de toute violence, de toute vengeance. C’est au moment où Saül est le plus faible, que David renonce à la violence.
Mais ce texte ne m’inscrit pas non plus dans une candeur où tout irait bien, tout est gentil, où je continue à vivre comme si rien ne s’était passé. Si les deux hommes savent reconnaître ce qu’ils sont : l’un un roi, l’autre un guerrier qui a la confiance de ses hommes et un futur roi ; s’ils savent renoncer à s’entretuer, ils prennent également les moyens pour ne pas être tenté de remettre la main sur l’autre. Le texte nous dit bien que Saul rentre chez lui et David repart avec ses hommes. Il faut parfois avoir le courage de se séparer après avoir apaisé une situation de tension.
Sœur Marie, le 24 janvier 2014
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