« Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »
ou le paradoxe d’un roi esclave

Jésus entre triomphalement à Jérusalem, monté sur un ânon, sans armée, sans habits royaux. La foule escorte et acclame ce roi pourtant peu ordinaire. Elle l’acclame comme celui qui vient au nom du Seigneur et bénit le royaume qui vient par lui …

Mais qu’attend au juste cette foule ? Quel roi espère-t-elle ? A-t-elle réalisé et accepté, cette foule exaltée, que son roi est outragé, qu’il souffre violence mais ne résiste pas nous dit la lecture d’Isaïe (Is 50, 5) ? A-t-elle compris que son roi s’est anéanti jusqu’à prendre la condition d’esclave nous dit la lettre de Saint Paul apôtre aux Philippiens (Ph 2, 7) ? Qu’attend cette foule qui, peu après l’avoir acclamé, met son roi à mort en criant « crucifie-le, crucifie-le ! » (Mc 15, 13-14) ?

Et nous, comment pouvons-nous professer et suivre un roi défiguré, un roi humilié, un Dieu qui meurt sur une croix ? Il vient bousculer nos images de Dieu et nos attentes de sa toute-puissance … Sa royauté s’exerce dans l’humilité, dans le plein accueil de sa condition humaine, dans l’amour donné jusque dans l’épreuve extrême, dans la non violence face au mal insupportable qui lui est fait. La toute-puissance de notre Dieu est faiblesse et folie aux yeux du monde et sans doute encore aussi à nos yeux.

Suis-je prête à croire à ce Dieu là ? Suis-je prête à aimer ce Dieu et à mettre toute ma vie dans son sillage ?

Que l’entrée dans la Grande Semaine ouvre mon esprit au vrai mystère de la gloire de la croix et que la contemplation du mystère de la Passion me donne le courage de « me désarmer » à l’image de notre Dieu. « Alors, je n’aurai plus peur, car quand on n’a plus rien, on n’a plus peur » (Patriarche Athénagoras).

Sr Catherine

Voir : Lundi Saint