« Je n’ai pas résisté, je ne me suis pas dérobé … »
ou ne pas me dérober
Depuis dimanche, la liturgie nous découvre le visage de Jésus trahi, bafoué, ridiculisé, rejeté des siens, mis à mort … Est-ce là le mystère qui nous sauve ? La souffrance et la mort peuvent-elles être source de salut et de vie ?
Cela résiste à mon esprit ! A la lumière de mon expérience humaine et professionnelle, cette affirmation est inaudible : non, la souffrance et la mort ne sont pas source de salut et ne donnent pas la vie.
Comment comprendre alors ce mystère de la Passion du Christ qui nous sauve ?
Le Serviteur Souffrant, en qui la Tradition a reconnu la figure de Jésus, est un homme qui écoute et réconforte l’épuisé. Son oreille est ouverte à la Parole de Dieu, et parce que son oreille est ouverte, il est capable d’une parole véritable envers son frère épuisé.
Cet homme soucieux de son frère qui n’en peut plus et en même temps tourné vers Dieu, cet homme bon est frappé, on lui arrache la barbe, il est soumis aux crachats et aux outrages de ses contemporains.
Mais, il ne résiste pas, il ne recule pas en arrière. L’auteur ne nous dit pas à quoi le serviteur ne résiste pas et devant quoi il ne recule pas …
Lorsque je regarde l’attitude de Jésus, je comprends mieux : ce serviteur, comme Jésus, ne se dérobe pas à la Parole qu’il reçoit de Dieu et ne recule pas devant la mission à accomplir, quel qu’en soit le prix. Quelle que soit la violence qui s’abat sur lui, ce serviteur continue de donner une parole à l’épuisé, comme Jésus continue d’aimer celui qui le trahit et ceux qui le mettent à mort.
Nous aussi, ayons l’oreille éveillée pour écouter comme des disciples et pour ne pas nous dérober devant l’engagement concret et personnel auquel nous convoque la Parole de Dieu.
Sr Catherine Voir : jeudi Saint |